Lecture Manga, BD et romans

Fredric, William et l'Amazone : c’est très sympa à lire. Facile à lire même, mais dans le bon sens du terme. J’apprends pas mal de choses, complétées par le cahier de suppléments en fin de livre.
Du peu que j’ai lu de Thierry Olivier (lisez sa prés’, elle est géniale), je me demande si ce n’est pas son meilleur travail. Ou alors le plus léché, le plus volontairement propre qu’il ait produit. J’ai beaucoup aimé. Y avait par moment une ambiance qui me rappelait les petites scènes du passé de la série le Caméléon. Une sorte de froideur clinique qui s’y prête bien.

Ah, et l’objet est vraiment joli. Et il sort du lot en plus.

Affreusement vôtre 1 : j’en ai lu une grande partie au resto lors d'un déplacement (heureusement que les tables étaient espacées, j’aurais pu couper l’appétit de certains)
J’ai vraiment beaucoup aimé. ça ne cache pas ses influences, ça les revendique même, mais au lieu de faire un ersatz des Contes de la crypte et consorts, il y a une grosse touche lovecraftienne (avant que ça devienne à la mode) dedans, qui apporte un super plus. J’adore les fins, qui en dit long sur ce que pense Thierry Olivier sur la nature humaine. La seule « positive » ou « morale » (si je puis dire), c’est bien la dernière.

Le dessin en noir et blanc est totalement dans le style qu’on peut connaître de lui dans le livre de Monsieur Lainé. Mais par moment, on dirait qu’il y a une petite influence kirbyenne. J’aime beaucoup les effets, les expressions du visage, volontairement exagérées …

Soyouz, si tu as aimé Affreusement Vôtre de l'en effet très chouette Thierry Olivier, sache qu'il existe deux recueils : un paru en auto-édition, puis un plus récent sorti chez Wetta (même format, en noir et blanc itou).

Duke_Oliver a écrit:

Soyouz, si tu as aimé Affreusement Vôtre de l'en effet très chouette Thierry Olivier, sache qu'il existe deux recueils : un paru en auto-édition, puis un plus récent sorti chez Wetta (même format, en noir et blanc itou).

Oui, je sais. Je parlais bien du premier en auto-édition, je n'ai plus qu'à choper le second. Merci d'avoir précisé, on ne sait jamais.

Nahomi 1 : première (?) BD de Crisse, sortie en 1980 après une prépublication dans le magazine Tintin, qui comprend 5 historiette en une petite trentaine de pages.
Y a un côté grec qui est habilement grimé en contes faussement japonais (puisque Nahomi est une princesse d'une île japonaise, aux temps féodaux), cela dit, la première histoire m’est un peu tombée des mains. Faut peut être remettre dans le contexte de l’époque, mais j’ai trouvé assez naïf et plat. ça m’emballe pas vraiment, mais c’est peut être aussi le fait que ce soit un démarrage et par de petits épisodes.
Cependant, ma fille a zieuté et y avait tous les ingrédients magiques : licorne pégase, sirènes, … elle a déjà repéré la BD en disant « mais c’est pour moi, ça » …

Georges & Tchang, une histoire d'amour au vingtième siècle; Laurent Colonnier (12bis): hors sujet.
Des allusions plus ou moins grossières à Tintin et Milou, vous allez en avoir. Des caisses.
Mais sur l'histoire d'amour au vingtième siècle, vous aurez absolument rien du tout. Allez, je lui accorde trois pages. Sur 72.
- La séance à la mer où le dessin met Tchang dans la lumière alors que la femme de Georges est dans l'ombre avec un regard plus qu'appuyé de Georges sur le corps de son ami.
- Le passage à l'acte (?) où ils causent services secrets japonais (chacun ses fantasmes) et une référence directe à un "couple" qu'ils pourraient former. Sauf que c'est contredit dans la même page puisque Tchang dit qu'il a été "accusé de pratiques contre-nature, infamantes". S'ils avaient consommé leur passion, j'ai d'énormes doutes sur l'emploi de ces mots...
Le dessin n'est pas formidable. S'il s'en sort très bien sur les décors, j'aime moins ses personnages.

Les gens normaux, paroles lesbiennes gay bi trans; Hubert/11 artistes (Casterman): tu es unique, comme tout le monde.
On ne peut pas critiquer ce qui est dit, c'est la vie des personnes, mais on peut critiquer le choix de ces histoires et la façon dont elles sont racontées.
J'ai eu très très peur au début avec le premier phylactère qui nous raconte les cases suivantes. Je ne suis pas vraiment fan de cette technique. Ensuite, il y a la mise en scène du scénariste. On le voit arriver chez les personnes et ces derniers racontent leur vie. Une bédé où on voit deux personnes parler, ce n'est pas non plus ce que j'aime. Heureusement les artistes, dans leur majorité, s'en tirent plutôt bien et le script ne se contente pas de ça. Les meilleurs passages étant lorsque le dessin ne se contente pas d'illustrer les propos comme cette voisine qui pourri la vie du premier couple lesbien.
Le choix des histoires offre un panel plutôt large des situations vécues et j'aime que les parents aient aussi droit à la parole. Il y a des histoires qui marquent plus que d'autres et pas forcément en faveur des personnes LGBT+ présentées. Entre ceux qui refusent de se protéger (et les autres) alors qu'ils savent qu'ils sont en situation de risque immédiat et autres dissonances cognitives (notamment sur la religion), l'empathie est parfois compliquée. En revanche, d'autres histoires (ou d'autres moments) ne peuvent que toucher.
La diversité des dessinateurs n'est pas un problème puisqu'ils illustrent chacun une histoire. Les tons étant différents, leurs styles éclectiques ont une raison d'être.
Il y aussi 5 articles liés au sujet et l'ouvrage se termine par un statut légal de l'homosexualité dans le monde en 2013.

Triangle rose; Dufranne/Maza/Lerolle (Quadrants): "Les jours, à défaut d'être heureux, s'égrenèrent..."
La plus grande surprise de cette BD, c'est la façon de vivre des gays berlinois en 1932. Les personnes présentées sont pratiquement complètement out (pas au boulot, faut pas pousser) et tout le monde a l'air de se foutre comme une guigne des préférences sentimentales de son voisin. Comme ça occupe le bon premier tiers du récit, lorsque le changement s'opère, c'est brutal. Pourtant, l'auteur montre la montée de l'idéologie nazie, les signes avant coureur de la catastrophe, mais les personnages refusent de le voir d'autant plus que les S.A sont dirigés par un homosexuel notoire.
Le passage dans les camps est très bref. Après une présentation des brimades et des tortures subies, une page résume 5 années.
Le retour des camps n'est pas une délivrance, les homosexuels étant privés de leur statut de victimes et donc de leur droit à la reconnaissance et leur réparation.
On comprend mieux pourquoi le personnage principal est devenu un vieil homme désagréable, aigri et incapable de partager son histoire.

Malgré tout Une très belle histoire d'amour à rebours raconté par Lafebre qui non content d'être un brillant dessinateur semble être aussi un très bon scénariste.

Au grand air T.1 et 2 Une petite bouffée de bonne humeur fait de petits riens sur le camping.

Spy X Family T.1 Une série qui semble mixer Bond et Deadly Class. Ca démarre plutôt bien et les personnages sont déjà très attachants.

soyouz a écrit:

Fredric, William et l'Amazone : c’est très sympa à lire. Facile à lire même, mais dans le bon sens du terme. J’apprends pas mal de choses, complétées par le cahier de suppléments en fin de livre.
Du peu que j’ai lu de Thierry Olivier (lisez sa prés’, elle est géniale), je me demande si ce n’est pas son meilleur travail. Ou alors le plus léché, le plus volontairement propre qu’il ait produit. J’ai beaucoup aimé. Y avait par moment une ambiance qui me rappelait les petites scènes du passé de la série le Caméléon. Une sorte de froideur clinique qui s’y prête bien.

Ah, et l’objet est vraiment joli. Et il sort du lot en plus.

C'est effectivement excellent.

En Italie, il n'y a que des vrais hommes; De Santis/Colaone (Dargaud): problème de ton.
Si d'un point de vue intellectuel je comprends qu'être déporté sur une île, que d'être privé de ses libertés les plus essentielles est insupportable, cette bédé échoue à le faire ressentir.
En effet, on a souvent l'impression d'une colonie de vacances et non pas d'une prison. Il y a certes des événements dramatiques mais le récit les adoucit bien trop par son ton. C'était peut-être pour souligner l'importance de la solidarité entre les détenus mais c'est au détriment de ce qui voulait être dénoncé.
J'aime beaucoup le dessin très anguleux mais même cette caractéristique qui aurait pu rendre plus dur l'histoire ne suffit pas.

Bim Bom, historias de lucha; Infante/Quer (Diabolo Ediciones): explicite.
Enfin, pas plus qu'un yaoi en fait. Mais le ton est très différent de la production japonaise.
Premier "roman graphique* cubain", on suit des moments de vie de trois prostitués de la Havane dans le quartier du glacier Bim Bom. Les clients privilégiés sont les yuma, les étrangers, avec l'espoir qu'un les prenne pour les emmener dans son pays. La vie à Cuba n'est pas des plus faciles et les perspectives ne sont pas particulièrement roses.
Entre fêtes orgiaques et location de l'unique chambre chez l'habitant (qui attend donc dans leur salon), le graphisme est explicite. Un Noir & Blanc réaliste qui pour une double page plonge dans l'onirisme avec des poissons se transformant en pénis. Même Alan Moore dans Promethea ne l'a pas fait celle-là !
La bédé pourrait plonger dans le sordide un peu facile mais l'auteur évite cet écueil. Les personnages principaux sont crédibles et il n'est porté aucun jugement sur leurs actions. L'empathie est donc possible et on comprend un peu ce qui peut se passer aux alentours du glacier.

Les métamorphoses du gras; Vigarello (Points Histoire): où c'est le sous-titre le véritable sujet.
Or donc, il faut s'attendre à une Histoire de l'obésité et non pas à celle du gras. C'est important car je ne comprenais pas pourquoi l'auteur passait autant de temps à décortiquer l'hydropisie et autres manifestations de l'obésité autre que graisseuse.
L'ouvrage est assez aride et ne se lit pas avec facilité. L'auteur ne se perd pas dans des phrases ou des descriptions sans fin et est plutôt adepte de la concision. Ce qui fait que tous les mots sont importants et portent en eux des concepts précis. Loin de pris par la main, le lecteur doit faire un effort de concentration et de connaissance. Donc oui, pas mal de choses me sont passées au dessus.
Toutefois, les grandes considérations sur les gros à travers l'Histoire sont accessibles et on passe du pécher à la victimisation en passant par la lutte des classes.
Le sujet est intéressant et il faut s'accrocher pour tirer tous les enseignements de l'ouvrage.

La Maison dans laquelle; Mariam Petrosyan (Les grands animaux): mais qu'est-ce qu'elle a voulu dire ?
D'habitude, j'arrive sans problème à dégager les thèmes et les intentions d'un ouvrage. Mais pour ce roman, j'en n'ai aucune idée.
Je vois bien qu'il y a de Sa majesté des mouches. Je vois bien qu'il y a une dénonciation de l'abandon des enfants handicapés. Mais je vois pas de thème précis.
Ca ne m'a pas empêché d'en apprécier la lecture**. Stylistiquement, c'est très bien mené. Différents points de vue, différents styles: l'auteure sait définitivement écrire. Le mélange de réalités et de fantastique fonctionne aussi très bien et on n'est jamais certain où on se trouve.
J'ai aussi aimé les build-up sans pay-off. Le récit fait tout un foin de certains événements et personnages et on en aura jamais la conclusion. Mais ce n'est pas grave car les personnages sont passés à d'autres choses qui en auront, peut-être, une.
D'ailleurs, le roman tient principalement par eux. Ces enfants livrés à eux-mêmes se sont créés une société et des lois léguées d'une promotion à une autre par l'intermédiaire des anciens nouveaux et de la Maison. Comme l'indique le titre, la Maison joue un rôle essentiel et ses graffitis, dessins et couloirs influent sur les occupants.
N'ayant jamais lu ce genre d'histoire écrite de cette manière, j'ai aimé cette proposition littéraire.

*faut se calmer, c'est de la bédé

**étant fan de Lynch, ça doit aider

Rawhide Kid a écrit:

C'est effectivement excellent.

Ma qué ? Un truc qu'on a aimé tous les deux avec le Kid ?!

Lola Bogota 1 : série parue chez Bamboo au début des années 2000. Lola est une trafiquante (en France, dans les années 60) et l'un de ses clients fournit un chef de la pègre bordelaise qui vient de découvrir qu'il a la foi religieuse, ce qui met à mal ses lieutenants et leurs trafics. Et évidemment, tout ce petit monde va finir par se rencontrer.
Très fluide à lire, très facile. Volonté de Chanoinat de dialoguer façon Lautner (mais sans l'égaler). C’est très rocambolesque et j’ajouterais que ça fait quand même un drôle de mélange, presque bizarre. Et j’ai eu du mal à placer ça dans les années 60. Ce qui m’a donner l’impression que les dialogues étaient forcés, pas naturels. Peut être l’ambiance. Ou alors que les « héros » ne faisaient pas trop années 60.

Lola Bogota 2 : cette fois-ci, Lola va devoir tué un mec qui détient une photo compromettante d'un certain président, datant de 10 ans plus tôt lors d'une partie finie qui s'est terminée en bain de sang (pour rappel : ça se passe au début des années 60).
Alors, ça sort du cadre du précédent épisode, ça change d'atmosphère (même si des dialogues restent en mode Lautner), ça permet de voir autre chose et de varier les références. Cependant, le truc, c’est qu’on ne connait pas grand chose des perso principaux. Z semble être une sorte de Zombie à la Solomon Grundy, Lolita passe de trafiquante à nettoyeuse … ça ressemble à l’époque de Marvel où les grands savants étaient savants pour toutes les spécialités.
Alors, ouais, c’est facile à lire … comme un film du dimanche soir.
Heureusement que le dessin est sympathique.

L'hyperrêve Même si je suis un peu circonspect quand aux dernières création de Matthieu, un nouveau tome de Acquefaques, ça ne se boude pas. Ca commence vraiment bien avec des idées de mise en pages astucieuse et plein de jeux de mots. Le bouquin a du être un vrai casse-tête d'impression. Je suis un peu plus circonspect sur le final qui fait plus expérimental pour être expérimental. Il faudrait que je le relise au calme pour confirmer cette impression mitigée.

Les Canaux du Mitan de A. Nikolavitch : Un très bon roman qui mélange fantasy et Ouest américain qui m'a un peu rappelé la Tour Sombre. J'ai beaucoup aimé que l'intrigue soit racontée selon différents points de vue et l'ambiance générale de l'histoire. https://monsieurg.net/les-canaux-du-mitan/

The Ask and The Answer; Patrick Ness: VIOLAAAA !!!! TOOOOOOOODD !!!!
Mais vos bouches !
(elle va pas être pénible l'adaptation ciné avec ces deux là qui hurlent tout le temps...)
Autant le premier tome était original, autant celui-ci empile les clichés bien comme il faut. Le méchant très méchant qui s'en sort tout le temps car les gentils sont stupides, les deux tourtereaux qui font n'importe quoi parce qu'ils sont amoureux (et que ça arrange bien l'histoire), les adultes manipulateurs alors que les ados sont purs... Bref rien de neuf et rien de bien passionnant.
Reste des considérations sur la guérilla et le leadership qui ne sont pas idiotes mais qui se brisent sur des personnages principaux qui restent monolithiques.
Je ne peux juger de la traduction puisque je l'ai lu en VO mais traduire The Ask and The Answer par Le Cercle et la Flèche me fait craindre une très grande liberté avec le texte de base...

Inhumain Très déçu par ce one-shot de Bajram et Mangin. L’intrigue est sans surprise et pas franchement passionnante. Et les dessins de Rochebrune sont pas mal, mais la colorisation est souvent beaucoup trop sombre rendant la lecture assez peu agréable.

Les vieux fourneaux T.6 C’est toujours très amusant, mais on a un peu perdu ce petit côté émotion des premiers tomes au profit d’un discours très didactique sur l’or et ses aspects négatifs. Ca reste toujours très sympa à lire et je reprendrais bien un peu de rab. Mais c’est mon enthousiasme des débuts commence un peu à s’éroder.

Les plaideurs; Racine: on ne peut pas être bon partout.
Vous faites quoi lorsque vous avez écrit une des meilleures tragédies françaises* ? Que faire après une telle excellence ? Racine, lui, change de registre et opte pour une comédie bien ancrée dans son temps. Tellement bien qu'elle en est quasiment incompréhensible aujourd'hui. Passer de l'intemporel à l'anecdotique, ce n'était pas vraiment le chemin à prendre.
Donc on a un juge qui ne vit que pour juger et un type qui n'aime qu'aller aux tribunaux poursuivre tout ce qui respire trop près de lui. Les deux ont un fils et une fille respectivement et, surprise totale, ils veulent se marier. Il y a aussi une comtesse et une histoire de chien qui a mangé un chapon.
Non, c'est pas bon. Presque aucun bon mot, du comique physique à coup de fenêtre et de soupirail et Racine a beau surcouper ses dialogues avec des vers répartis entre plusieurs personnages, ça ne fonctionne pratiquement jamais. Les personnages ne sont pas intéressants, les péripéties non plus d'autant plus qu'elles sont rushées à mort, on comprend mieux pourquoi ces Plaideurs resteront la seule tentative du dramaturge dans ce genre.
A noter un alexandrin qui est passé dans le langage courant avec "Qui veut voyager loin ménage sa monture" et la comtesse qui s'appelle De Pimbesche.
Meilleur vers:
"Vous en ferez, je crois, d'excellents avocats;
Ils sont fort ignorants."**

*Andromaque, l'année d'avant

**j'ai prévenu qu'il coupait tout le temps

Les sept morts d'Evelyn Hardcastle; Turton (10/18): Agatha Christie rencontre les boucles temporelles.
Le concept du livre est irrésistible et est très bien mené tout au long du roman.
Les premiers chapitres captivent de suite et on veut absolument savoir ce qu'il se passe. Les descriptions des locations, gothiques à souhait dans sa décrépitude, et les rencontres toutes droit sorties d'un film de David Lynch (le majordome brûlé ou l'homme déguisé) font qu'on est au niveau du protagoniste et que, comme lui, on est perdu avec une volonté de savoir de quoi il en retourne. C'est très bien écrit, l'auteur utilisant tous les moyens stylistiques à sa disposition pour retranscrire l'ambiance des lieux et l'état d'esprit du narrateur.
Comme c'est une enquête policière et un mystère temporel, difficile d'en dire plus sans dévoiler les différentes surprises du récit. Si j'ai énormément aimé le début, le dernier tiers patine un peu malgré les révélations, avec des coups de théâtre un peu trop appuyés.
Mais le "qui a tué ?" est bon et le "c'est quoi ces boucles temporelles ?" est satisfaisant également.

Folles Années Folles; Wagner (Les Moutons Electriques): Uchronie Kinder Surprise.
Aimant les uchronies, j'étais plutôt en de bonnes conditions avant de commencer la lecture. Et, joie!, le livre ne déçoit pas.
On commence dans la France du début des années 80 avec une description plutôt désenchantée de Paris et de sa banlieue d'alors. Le personnage principal est une espèce de paumé vaguement loubard --enfin "rockloub"-- se traînant de filles en filles ou de potes en potes pour sa survie. Le type est clairement désagréable mais il arrive à s'en sortir par un charme que je ne me m'explique pas. Puis, au chapitre 3, il se retrouve propulsé dans le Berlin des années 20.
A partir de là, le personnage va encore tomber sur des personnes qui vont le prendre incompréhensiblement sous leurs ailes. La ficelle scénaristique est un peu grosse mais elle permet de lancer le récit. Donc, dans ce Berlin, il va changer de nom et monter les échelons jusqu'à entrer en conflit avec le Parrain des lieux.
Encore une fois, le protagoniste n'agit pas comme un héros ou comme quelqu'un qu'on voudrait avoir comme connaissance. Cependant, l'auteur a l'air de beaucoup l'aimer et lui pardonne beaucoup, comme s'il était une idéalisation. Le roman étant une œuvre de jeunesse, le côté rebelle à deux balles peut être expliqué par ce fait.
En tout cas, l'histoire est prenante et on veut en découvrir plus sur le monde et sur ce qu'il va advenir des personnages.
Le sort réservé aux personnages féminins n'est pas terrible: elles sont plus des motivations aux personnages masculins qu'autre chose. Elles sont objectivées de manière systématique et c'est dingue ce qu'il peut y avoir comme relations sexuelles en 200 pages. Là encore, œuvre de jeunesse j'imagine.
Côté édition, il y a beaucoup de coquilles comme des "j" majuscules au milieu de phrases ou des lettres en remplaçant d'autres ("Oui" au lieu de "Qui" par exemple). Lisant d'autres livres du même éditeur, même si c'est à un niveau moindre, il faudrait qu'il fasse plus attention sur ce point car on en retrouve tout le temps.

Le Sorceleur t.7 de Sapkowski : une très belle conclusion à cette saga assez unique dans la fantasy. L'auteur a un ton à lui et une manière de narrer son récit qui peut déconcerter mais qui est d'une richesse et d'une efficacité redoutable. Brillant

Robin: Enfances et super-héros; Baurin (Aedon): intéressant.
Ce n'est pas un bouquin retraçant les divers Robin à travers les âges mais un essai sur les liens qu'entretiennent les comics et l'enfance à travers le personnage de Robin.
La thèse paraît cohérente: complicité, rébellion, négation puis réflexion mais il y a des choses mises sur le côté pour ne pas trop contrarier cette thèse, des personnages oubliés et des erreurs factuelles.
Pour parler de la négation, on parle forcément de la mort de Jason Todd. Mais rien sur celle d'un autre Robin puisqu'on est passé à autre stade de la thèse.
Un parallèle qui n'est jamais fait, c'est celui avec Kid Flash. Lui aussi a eu plusieurs incarnations, lui aussi a cet aspect d'héritage. Mais non, rien sur lui. Mais on va nous causer de Speedy puisqu'il colle au propos du moment.
Enfin, dire que les 4 Fantastiques ont eu leurs pouvoirs grâce au rayons gamma et Hulk grâce à une explosion nucléaire fait baisser le niveau de crédibilité de l'auteur.
Toutefois, le bouquin reste pertinent sur beaucoup de ses points et est donc une lecture recommandée si vous vous intéressez au sujet.

Rawhide Kid a écrit:

Folles Années Folles; Wagner (Les Moutons Electriques): Uchronie Kinder Surprise.
Aimant les uchronies, j'étais plutôt en de bonnes conditions avant de commencer la lecture. Et, joie!, le livre ne déçoit pas.
On commence dans la France du début des années 80 avec une description plutôt désenchantée de Paris et de sa banlieue d'alors. Le personnage principal est une espèce de paumé vaguement loubard --enfin "rockloub"-- se traînant de filles en filles ou de potes en potes pour sa survie. Le type est clairement désagréable mais il arrive à s'en sortir par un charme que je ne me m'explique pas. Puis, au chapitre 3, il se retrouve propulsé dans le Berlin des années 20.
A partir de là, le personnage va encore tomber sur des personnes qui vont le prendre incompréhensiblement sous leurs ailes. La ficelle scénaristique est un peu grosse mais elle permet de lancer le récit. Donc, dans ce Berlin, il va changer de nom et monter les échelons jusqu'à entrer en conflit avec le Parrain des lieux.
Encore une fois, le protagoniste n'agit pas comme un héros ou comme quelqu'un qu'on voudrait avoir comme connaissance. Cependant, l'auteur a l'air de beaucoup l'aimer et lui pardonne beaucoup, comme s'il était une idéalisation. Le roman étant une œuvre de jeunesse, le côté rebelle à deux balles peut être expliqué par ce fait.
En tout cas, l'histoire est prenante et on veut en découvrir plus sur le monde et sur ce qu'il va advenir des personnages.
Le sort réservé aux personnages féminins n'est pas terrible: elles sont plus des motivations aux personnages masculins qu'autre chose. Elles sont objectivées de manière systématique et c'est dingue ce qu'il peut y avoir comme relations sexuelles en 200 pages. Là encore, œuvre de jeunesse j'imagine.
Côté édition, il y a beaucoup de coquilles comme des "j" majuscules au milieu de phrases ou des lettres en remplaçant d'autres ("Oui" au lieu de "Qui" par exemple). Lisant d'autres livres du même éditeur, même si c'est à un niveau moindre, il faudrait qu'il fasse plus attention sur ce point car on en retrouve tout le temps.

Ah, cool. Merci de l'avis.

Britannicus; Racine: L'attaque des clones.
Après une incursion guère convaincante dans la comédie, Racine revient à ses fondamentaux.
Sauf que.
Sauf qu'il l'intitule du prénom du personnage le plus fade de sa pièce, un amoureux transit déchut de ses droits de naissance qui s'en fiche tant qu'il peut tenir la main de son namoureuse. Ce dernier n'a pas vraiment de vers marquant, n'a pas non plus d'action décisive. Comme le dit très bien Narcisse:
Ce palais retentit en vain de vos regrets:
Tandis qu'on vous verra d'une voix suppliante
Semer ici la plainte et non pas l'épouvante,
Que vos ressentiments se perdront en discours,
Il n'en faut point douter, vous vous plaindrez toujours.
D'ailleurs, ce Narcisse censé protéger Britannicus est un agent double à la solde de Néron, jeune empereur coincé entre sa mère, ses conseillers et Rome. C'est ce Néron qui tuera sa mère et incendiera Rome. Pas dans cette pièce mais les spectateurs savent très bien comment il va finir. Racine nous le présente donc au début de ses dérives, comme George Lucas le fait avec Anakin dans L'attaque des clones. Il menace à longueur de temps et change d'avis au gré de "c'est celui qui a parlé en dernier qui a raison" et c'est souvent Narcisse qui tient ce rôle.
Deuxième personnage mis en avant après Néron, c'est sa mère Agrippine. Super intéressée par les amours de Britannicus, son beau-fils, et ayant marié son fils à la sœur de ce dernier histoire de faire de son fils l'Empereur, elle n'est pas tout à fait prête à quitter le pouvoir. Elle fait partie de ceux qui cherchent à manipuler Néron, elle en tirant sur le lien filial. Donc lorsqu'elle s'émeut du comportement ouvertement agressif de son rejeton, on a du mal à compatir. Sinon, bravo à Racine d'avoir pu insérer cette horreur phonétique de prénom dans ses vers sans que cela écorche les oreilles.
Ce qu'il manque dans cette pièce, c'est le Destin. Or, sans Destin, point de Tragédie. On est ici dans une pièce à intrigues politico-romantiques et c'est un peu court.
Si les menaces de Néron sont excellentes,
Du sang dont vous sortez rappelez la mémoire;
Et ne préférez point à la solide gloire
Des honneurs dont César prétend vous revêtir,
La gloire d'un refus, sujet au repentir.
ou encore
Fais-lui payer bien cher un bonheur qu'il ignore.
mon vers préféré est:
Toujours la tyrannie a d'heureuses prémices

Laurie; Stephen King (Albin Michel électronique): j'aime bien les chiens aussi.
C'est sympa les cadeaux mais des fois on se demande pourquoi on nous offre telle ou telle chose. C'est exactement le sentiment que j'ai eu avec cette nouvelle. J'ai rien demandé mais King nous l'offre. Merci, c'est très gentil. Mais pourquoi cette nouvelle en particulier ?
On se retrouve un peu comme le protagoniste qui se retrouve avec un chien qu'il n'a jamais voulu. Avouons-le, une nouvelle c'est moins contraignant qu'un être vivant donc on gagne au change. Mais la question reste: pourquoi celle-ci ?
Elle n'a rien de particulier: ni les personnages, ni l'histoire. Ce n'est pas une nouvelle à chute. Elle, autant que je peux le savoir, n'est liée à aucun autre écrit de King. Alors pourquoi elle ?
Le "pire", c'est que quelqu'un va bien nous en faire un film...

Our Colorful Days 3; Tagame (Akata): Beautiful Thing.
Conclusion de cette jolie histoire d'acceptation de soi-même et de coming out. Ce dernier tome a les mêmes qualités que les précédents: excellents dessins, des personnages crédibles et une vérité dans ce qui est raconté.

Le Cherokee; Morgiève (Folio Policier): passé composé.
Si le passé composé est très utilisé à l'oral, ça fait très bizarre de le lire. Ca donne surtout l'impression que tout le monde est demeuré alors qu'il est utilisé pour les descriptions, pas les dialogues. Très étrange comme sensation de lecture. Et ce n'est pas le seul outil utilisé par l'auteur pour creuser l'étrangeté de son récit.
Il y a bien naturellement l'histoire, avec cet avion de chasse qui atterri tout seul et ce sheriff qui court (ou est-ce l'inverse ?) après un tueur en série relié à son passé. Les chapitres courts et multi titrés, les paragraphes détachés et tout bonnement les actions des personnages renforcent cette étrangeté.
On est dans le Roman Noir pur jus: violence, un protagoniste paumé la majeure partie du temps, désespoir et amour impossible.
Malgré quelques passages "l'Homme Blanc ceci, l'Homme Blanc cela" dont on se demande bien ce que ça vient faire là-dedans, un roman à l'écriture particulière qui fonctionne bien.

Les frères Sisters de Patrick deWitt : Un western vraiment atypique. Il n'y a pas de scènes de bravoures, de grosses fusillade ou de moments de tension intenables. Et pourtant, j'ai été captivé par ce "horsetrip" ou les deux frangins vont multiplier les drôles de rencontres. Bizarrement, je n'avais pas aimé l'adaptation par Audiard qui, dans mes souvenirs, est plutôt fidèle. Certainement que la narration à la première personne et et la personnalité étrange du narrateur ont certainement beaucoup joué.

L'anomalie; Le Tellier (Gallimard): le cahier des charges !
Si j'ai énormément aimé le livre avec ses différents personnages, son intrigue principale et son écriture, je reste frustré par une chose: il manque le cahier des charges.
Ce n'est pas le premier roman Oulipien à ne pas donner ses méthodes de construction (d'ailleurs, ils ne le donnent pratiquement jamais) mais ça fait aussi partie de l'intérêt du roman. Voir comment l'auteur se sort des contraintes, de voir pourquoi cette contrainte plutôt qu'une autre. Le jeu ou le plaisir, pour certains, est peut-être de les dénicher mais pas pour moi. Ca me frustre de penser qu'il y a des indices dans les numéros de places qu'ont les personnages dans l'avion, dans l'équation ou voire dans les coordonnées de l'avion en vol et que je suis incapable de les comprendre.
Bien qu'il est admis que ce roman est censé en inclure plusieurs suivant des genres littéraires, les chapitres sont trop homogènes pour réellement répondre à cette assertion. Certes, ça facilite grandement la lecture et le roman est plus cohérent, mais on pers de la spécificité: on a le squelette sans le style alors que le style est prépondérant.
Toutefois, c'est un excellent roman qui sait être drôle et dramatique lorsqu'il le faut.

Paperbacks From Hell; Hendrix (Quirk Books): la subtilité avant tout.
Lorsqu'on commence avec des Leprechauns de la Gestapo adeptes de SM dans un château irlandais, on sait que l'on va passer un excellent moment !
Ce livre se donne pour objectif de parcourir les romans horrifiques des années 70/80 dans leur format poche avec de nombreuses et délicieuses couvertures. A travers des chapitres consacrés à Satan, au gamins inquiétants, aux animaux et j'en passe, l'auteur nous fait le résumé de certains livres marquants, nous parle de certains auteurs ou illustrateurs et construit une histoire de ces maisons d'éditions spécialisées. Il le fait avec énormément d'humour aidé en cela par des arguments dramatiques bien barrés (encore une fois, des Gestapochauns) et en utilisant l'accumulation des événements possibles pour un genre donné.
Si les premiers chapitres se tiennent thématiquement, il y a plus de licence pour la suite. Certaines sections sont étranges (le blockbuster illustré par Jaws dans Gothic & Romantic) et je dois avouer que mettre les indiens d'Amérique dans Inhumanoids peut sembler un poil discriminant même si on y cause de leurs fantômes.
Si le livre est très bien mené, il est aussi très frustrant. On voudrait en apprendre plus: sur l'industrie éditoriale, sur les illustrateurs et sur les auteurs. Le bouquin fait tout son possible pour donner une vue générale avec quelques précisions sur des thèmes spécifiques --et il le fait très bien-- mais on voudrait un Tome 2 pour approfondir tous les sujets.
Mais pour ce qu'il se propose de faire dans le nombre de pages imparti, avec la profusion de couvertures toutes plus kitsch et splendides et grotesques les unes que les autres, c'est un bouquin très vivement recommandé.

Juan Gimenez, la saga SF : c’est très bon. Déjà, il y a une préface hyper alléchante, mais c’est encore mieux en vrai.
Graphiquement, je crois que je préfère ce travail à celui qu’il fait par la suite pour les Meta-Barons.

L’étoile noire est une sorte de mise en bouche, parce que je crois que j’ai pris de plus grosses claques avec les histoires suivantes. Il y a beaucoup de variations de ce récit, ça ne suit pas forcément un chemin linéaire de prime abord. La fin est peut être un brin abrupte par rapport à la montée des enjeux, mais cela dit, c’est peut être moins artificiel dans ce cas.

Gangrène est peut être mon récit favori. Scénario de Trillo qui rappelle un tout petit Point de rupture dans l’idée de son univers futuriste (chez Delcourt). Sauf que là, ça va un peu plus vite et la construction de ce monde en si peu de pages, c’est assez fabuleux. C’est bourré de messages politiques et humains là-dedans.

Mutante et Titania sont des anthologies, avec des histoires aux paginations différentes. Les plus longues ne sont pas forcément les meilleures, disons qu’elles sont différentes. J’aime quand même beaucoup une Princesse de rêve. Y a du message là-dessous.
Et les petits récits sont souvent assez humoristiques, la palme à Antoinette. Y en a un ou deux où j’ai eu plus de mal à tout piger ou à comprendre les motivations (disons surtout que j’ai un doute sur ce que j’ai compris. Mais j’ai peut être bien compris), et un autre que j’ai eu du mal à suivre (celui avec les avions. Je pense savoir ce qui s’est passé, mais le storytelling ne me semble pas très clair). Mais sincèrement, j’ai pris un pied monstre à lire cet album. J’ai lu l’Etoile Noire la semaine dernière et j’ai repris juste avant le déjeuner … et j’ai fini les deux autres sous-albums avant le goûter. Difficile de s’arrêter. De la SF variée, pas mal de jeux avec le temps, ce qui a permis aussi de donner de la variété dans le dessin aussi. En tout cas, la politique, la guerre et les apprentis-sorciers en prennent pour leur grade.

Crépuscule vaudou; Lofficier (La Baleine): très bonne ambiance.
C'est la plus grande qualité de ce court roman: l'ambiance de la Louisiane et de la Nouvelle Orléans est excellemment écrite. On y est vraiment et on a très envie d'y aller faire un tour malgré les événements, l'histoire se déroulant lors du passage de l'ouragan Katrina. Et oui, c'est un coup de la magie vaudou.
Tout ce qui tourne autour de cette magie et des péripéties que subissent les personnages est très sympa à lire. Encore une fois, l'auteur fait très bien ce qu'il a à faire et on est toujours dans l'action.
Là où il pêche, c'est dans les personnages. Ils ne sont pas particulièrement intéressants et on est plus attaché au déroulement de l'histoire qu'à ce qui les motive.