Lecture Manga, BD et romans

L'épée de l'ancillaire de A. Leckie: Alors que quelqu'une aurait pu s'attendre à un emballement de l'intrigue, a une montée en puissance des enjeux, Ann Leckie a fait le choix de rester à hauteur de Citoyen en isolant ses personnages des conséquences du final du tome 1. Ce qui lui permet de continuer à traiter des conséquences des Annexions. Et d'ainsi par le truchement d'une histoire de SF, de traiter des effets néfastes de la colonisation. L'esclavage est aussi une des principales thématiques abordées, la situation des récolteuses de thé n'étant pas sans rappeler la situation des esclaves noirs aux Etats-Unis.

Au niveau de la narration, Leckie gère vraiment bien les points de vue multiples que lui permet son héroïne et continue à jouer avec cette notion d'identité, les dernières pages offrant une scène courte mais très émouvante à ce sujet.

Le seul reproche que je pourrai émettre et que contrairement au tome précédent qui était une histoire de vengeance, ce deuxième tome ne possède pas un fil conducteur clairement défini, donnant l'impression que l'intrigue se déroule un peu au hasard, même si au final tout finit par prendre sens dans le final.

Ah, le sens. Peut être que je l'ai finalement en fait ! (dans mes cartons )

La terre des Wilson - Lionel Salaün (Liana Lévi):
L'Oklahoma ,les années 30.Une population exsangue, asséchée au propre comme au figuré jusqu'à la dernière goutte par la sécheresse et les banques. Une population qui survit avec rien, des miettes et qui porte sur son dos le poids des profiteurs qui distribuent avec "générosité" les dirty jobs de l'époque. Rien n'a changé,rien ne changera on ne vit pas sans dégâts au milieu du berceau du capitalisme pétrolier quand on a pas les moyens de partir. Si tant est que l'herbe soit plus verte ailleurs.
Alors certains,comme Samuel Wilson, s'accrochent à un titre de propriété, bout de papier synonyme d'un minimum de fierté dans cette société qui broient les petits les uns après les autres. Mais pour pouvoir s'accrocher il faut toujours en payer un prix à un moment ou un autre.
Samuel Wilson s'acharne à faire de ce ses terres quelque chose de viable, il s'use à la tâche et se défoule violemment sur sa mule, sa femme et son fils Dick poussant ces deux derniers à s'enfuir.Rester et crever, partir et en payer le prix une nouvelle fois. La fois de trop?
Dick reviendra les poches pleines et décidé à retrouver son amour de jeunesse Annie Mae, à profiter de la manne financière des compagnies pétrolières, à combler le vide crée par la Prohibition et à faire payer son père.

Un roman court (trop?) mais intense, sec et rêche comme le sol ravagé par les Dust Bowl énièmes conséquences de l'exploitation à outrance des ressources. Une histoire viscérale qui tape fort, sans espoir de rédemption.
Magnifique!!!

Druide de O. Peru : Ce livre de Fantasy partait pourtant plutôt pas mal avec un aspect enquête policière assez original. Hélas au fil du récit, les personnages s'avèrent peu développés et quand ils le sont, on retrouve des caractères assez classiques du genre.La trame devient rapidement elle aussi plutôt prévisible suivant un chemin assez convenu. Si on rajoute à ça, un rythme assez plan-plan dans l'ensemble (le livre aurait gagné à faire une petite cure de minceur), ce livre ne me laissera pas un grand souvenir.


L'étrangleu d'Edimbourg de I. Rankin: Là, c'est tout le contraire ou presque. Si Rankin n'hésite pas à donner dans le cliché du flic alcoolique, bougon et poissard, il l'utilise avec talent pour offrir une histoire bien troussée et au rythle soutenu. Difficile de lâcher le bouquin une fois ouvert, je l'ai d'ailleurs lu d'une traite.

Pandemia - Franck Thilliez (Fleuve Noir):
Sans véritable surprise mais ultra efficace et très prenant. encore plus quand on est dans les conditions pour le lire: une bonne crève,un gros rhume et de la fièvre

il me semble qu'on est quand même être pas loin d'avoir fait le tour avec le duo Sharko/Lucie et qu'un passage de relais pour Nicolas Bellanger en 1ère ligne pourrait être pas mal

Fahrenheit 451 de R. Bradbury : Un classique de la SF qui ne m'a pas déçu. Même si Bradbury décrit un futur moins crédible qu'un 1984 par exemple, il développe des réflexions qui sont toujours pertinentes alors que le livre a plus de 60 ans. Ce qui m'a le plus surpris, c'est également le style de l'écriture, très littéraire. D'habitude, le style n'est pas ce que je retiens chez les auteurs de SF, mais ici on sent que l'auteur aime jouer avec la langue et confère ainsi plus d'émotions à son histoire.

My hero academia T.1 et 2 Les aventures d'une école de superhéros. On retrouve toutes les ficelles du shonen, mais quand c'est totalement maîtrisé, ce n'est pas vraiment gênant. Surtout que l'auteur ne perd pas son temps pour tout mettre en place et nous offre rapidement des combats épiques avec une multitude de personnages. Ce ne sont que les deux premiers tomes, mais c'est très prometteur.

Orange T.1 à 5 Une fille reçoit une lettre qu'elle s'est envoyée 10 ans dans le futur pour lui expliquer comment empêcher son ami de se suicider. Je ne lis pas beaucoup de shojo, mais celui-ci a su me toucher. C'est une histoire pleine de positivisme et de bons sentiments qui fait vraiment du bien en ces temps assez sombres.

Nils T.1 Jérôme Carrion est l'auteur du très joli Temudjin qui narrait un récit baignant dans le folklore mongole. Il est donc inutile de dire que la partie graphique des Elémentaires est de toute beauté. L'atiste sait parfaitement installer les atmosphères, créer la magie en jouant sur les lumières, les textures. Le tout en donnant vie à des personnages vivants qui s'intègrent parfaitement à des décors de toute beauté.

Mais une BD, ce n'est pas que des dessins, c'est aussi un scénario. Et Hamon s'en sort vraiment bien avec ce premier tome qui arrive à poser les personnages, décrire un univers qui mélange à la fois des influences nordiques et Miyazakienne.. Mais et c'est souvent le défaut des premiers tomes, il n'oublie pas de définir les enjeux de l'histoire et de donner suffisamment de pistes au lecteur pour que celui-ci ait envie de lire la suite. Un premier tome assez dense où l'on ne s'ennuie et où la narration s'effectue tout en fluidité, à l'exception peut-être d'une ellipse un peu maladroite sur la fin de parcours.

Un début prometteur, en espérant que le succès sera au rendez-vous pour pouvoir lire la suite.

Feuilles - Michael Fenris (Editions Prisma):
un très bon thriller fantastico-horrifique qui mêle la surexploitation forestière,enquête fédérale,meurtres et croyances indiennes.
un 1er roman abouti et réussi dans un domaine qui ne manque pas de grandes figures. c'est très addictif et on tourne les pages avec beaucoup d'envie.

Il court, il court, le furet - M. J. Arlidge (Les Escales):
C'est prenant,ça avance vite,les chapitres sont courts et la plume entraînante.Même si un côté déjà vu en ressort,avec un peu de surenchère dans le sanglant, c'est du bon et on ne s'ennuie pas la lecture de ce 2ème opus des enquêtres du DCI Helen Grace.
Le vrai point fort,pour moi, c'est le côté télévisuel parfaitement assumé que ce soit dans l'ambiance,la mise en œuvre des persos et leurs développement.
M.J. Arlidge travaille pour la télévision et dirige une maison de production indépendante à l'origine de plusieurs séries policières. ça se sent et moi qui suis féru de séries anglaises,Luther en tête, je m'y retrouve totalement. à chaque tome je lis une nouvelle saison.

L'aimant - Richard Gaitet (éditions Intervalles):
Une aventure fantastique et délirante!

L'aimant est une histoire quasi-atemporelle malgré de riches références littéraires et musicales.
On embarque avec Gabriel Chanteloup,jeune marin Belge, à bord du cargo Sirius.L'intrigue,une crise monétaire ourdie par une organisation internationale à l'origine de la disparition de toutes les pièces de monnaie, se met vite en route et elle est surtout prétexte à une histoire bien barrée,bourrée d'humour et de burlesque.
De la grande aventure à l'ancienne avec des personnages aussi improbables et haut en couleur les uns que les autres,des bagarres,des orgies,de l'alcool et une critique des gigantesques multinationales.
Un bel hommage à une littérature populaire dans un bel écrin rehaussé par les superbes illustrations de Riff Reb's.
J'ai apprécié cette mise en abîme involontaire avec la lecture de Gabriel lisant des extraits de livres à ses collègues marins depuis son poste de radio du navire tout en écoutant l'auteur Richard Gaitet lire lui-même des extraits de roman dans son excellente émission de radio, la Book Box, sur Radio Nova

Les maraudeurs - Tom Cooper (Albin Michel):
à titre de comparaison Les Maraudeurs ça serait la série TV Treme de David Simon dans le bayou au lieu d'être dans un quartier de La Nouvelle Orléans et qui s’appellerait Les chroniques de La Barataria.
On est, pour mon plus grand plaisir,sur le même terrain: des tranches de vie pour un récit chorale avec la pêche au lieu de la musique. On suit 7 ou 8 persos qui tend de vivre ou survivre, entre espoir et désespoir, dans une Louisiane affaiblie par l'ouragan Katrina puis rendue exsangue à cause de la catastrophe pétrolière.
Des tranches de vies qui se croisent et entrent en collision avant que la vie et la nature reprennent leurs droits.
Touchant et épatant

Une terre pas si sainte - Pierre Pouchairet (Jigal):
Pierre Pouchairet nous embarque pour la Palestine et Israël,avec des ramifications à Nice, où les luttes peuvent être mises de côtés quand des trafiquants arabes et juifs font affaires ensembles. Pour faire tomber ces réseaux 4 flics (2 Israéliens,1 Palestinienne et 1 Français) vont mettre leurs ressources et efforts en commun au cœur d'une situation géopolitique des plus sensibles.
Un roman dense qui sonne très juste et qui évite de belle manière l'écueil du manichéisme.Les motivations de chaque camp et de chaque protagoniste sont parfaitement décrites et amenées par le regard juste et neutre de l'auteur.

Concernant notre discussion sur Lupano, c'est "Ma révérence" que j'ai pas eu envie de lire, même en le commençant !

Monstres Invisibles de C. Palahniuk. Très bon roman de l'ami Chuck avec une histoire totalement déstructurée dans sa chronologie qui parle de famille, d'identité sexuelle, de l'identité et comme d'Ihabitude une belle charge conte notre société. On retrouve ici son talent pour les formules qui font mouche et si quelques retournements de situation sont plutôt téléphonés, ce n'est pas vraiment le coeur du roman.

Le démonologue - Andrew Pyper (L'Archipel):
je ne vais pas aller jusqu'à dire que je suis réconcilié avec Andrew Pyper mais quand même. Sans atteindre des sommets ce Démonologue est bien meilleur que Le marchand de sable de triste mémoire.
J'ai même été particulièrement accroché jusqu'aux événements de Venise. Derrière ça baisse d'un ton parce que ça ne choisit jamais vraiment sa voie entre roman de possession purement horrifique et thriller ésotérique. J'ai également trouvé,ou alors c'est moi qui suis passé à côté, que les motivations de l'Innommé manquaient de poids.
Et pourtant malgré ça,et le manque d'angoisse, j'avais vraiment envie de savoir comment cela allait se terminer et d'aller jusqu'au bout.L'écriture de Pyper, assez forte dans la visualisation des scènes, et le personnage d'O'Brien remportent la mise

soyouz a écrit:

Concernant notre discussion sur Lupano, c'est "Ma révérence" que j'ai pas eu envie de lire, même en le commençant !

Ah?
Kab en disait le plus grand bien.
Je l'ai... quelque part.
Il faudra que je le retrouve pour le lire enfin.

très bien Ma Révérence

Je réessaierai, mais le sujet ne m'a pas du tout intéressé !

C'est toi qui est pas intéressant.

Faut accrocher au histoires de braquage avec des losers. C'est sur que si t'es pas dans cette veine, ca va pas te plaire, mais c'est excellent. Lupano de toute façon c'est rarement pas bon.

Condor - Caryl Férey (Série Noire):
Après l'Argentine, Férey s'attaque aux reliquats et stigmates de la dictature de Pinochet au Chili à travers le destin de 3 personnages: Gabriela la sœur de Jana de Mapuche, Esteban avocat des causes perdues et issu de la bourgeoisie et Stéphano ancien du MIR et de la garde rapprochée d'Allende.
Tous les coupables n'ont pas été condamné pour les atrocités et exactions commises pendant la Dictature et ils continuent leur travail de sape de la société chilienne. Après une vague de nouvelles victimes de trop le moment est venu pour eux d'en payer le prix fort.
On est en terrain connu et la démarche diminue peut être un tantinet la force du roman au regard de Zulu par exemple, et même Mapuche, il n'en reste pas moins que dans l'appropriation d'un pays et d'un moment de son histoire Caryl Férey fait mouche une nouvelle fois et que Condor est suffisamment entêtant et suffocant pour vous happer jusqu'au bout

Kind of Black - Samuel Sutra (Flamant Noir):
"Tu ne veux pas me faire écouter du Jazz,dis? Du Jazz qui me ferait aimer le Jazz?" Lire Kind of Black c'est déjà lire du Jazz qui fait aimer le Jazz.
L'histoire,bien qu'un poil courte, est assez dense et riche de beaux personnages et de belles rencontres notamment celle de Stan le musicien et de Jacques le flic (que j'espère retrouver un de ces jours).
Une écriture fluide au service d'une enquête finalement assez classique mais bien racontée et qui accroche le lecteur avec son ambiance et son atmosphère.
Une magnifique déclaration d'amour et un final chargé d'émotions.

Sa majesté des mouches de W. Golding : Pas emballé plus que ça par ce bouquin qui a pourtant une très bonne réputation. Les descriptions de l'île alourdissent et ralentissent le rythme d'un livre qui aurait gagné à se focaliser sur ses personnages. On comprend assez vite comment tout ça va tourner, mais il y a quand même plusieurs passages où la tension est palpable.

Le jour de gloire - Danielle Thiéry (Rivages):
Suite directe de Crimes de Seine, le commissaire Marion se remet difficilement de ses blessures. Abadie et Cara,ses adjoints, deviennent ses tuteurs légaux en attendant son rétablissement. Ils se heurtent de plus en plus souvent à son remplaçant ,le commissaire Amaury Guerry, Tout en cherchant à éclaircir les zones d'ombres concernant la tentative d'assassinat à l'encontre de Marion,ils doivent enquêter sur le meurtre de 2 adolescents.
Très bien documenté,bien rythmé Le jour de gloire marque un nouveau départ pour Edwige Marion

Eschatôn de A. Nikolavitch : Une bonne histoire de SF matinée d'Inquisition moyennageuse qui, malgré ses moins de 300 pages, donne corps à un univers riche et bien construit. L'auteur développe avec talent des thématiques autour de la religion, des sciences, ainsi que des concepts de SF plutôt chiadés sans jamais que ce soit au détriment du rythme de l'intrigue. Intrigue qui mélange habilement les points de vue multiples et les péripéties pour que le lecteur soit toujours tenu en haleine.

Petit avertissement, le côté lovecraftien mis en avant dans le 4ème de couverture est bien présent dans le très réussi premier chapitre, mais, par la suite les "grands Anciens" sont plus utilisés plus pour expliquer l'univers que pour vraiment instillé un sentiment d'angoisse ou d'horreur comme chez ce bon vieux H.P. Ce n'est pour moi, pas un défaut, mais cela pourrait frustrer le lecteur en quête de frissons.

Ca ne rappelle pas trop Crusades ?