Lecture Manga, BD et romans

Bonjour à tous !

Je fais un tour des forums dédiés aux comics pour vous présenter Un soupçon d'héroïsme un roman paru en février aux éditions Flammarion. J'ai vérifié auparavant que personne n'en avait parlé sur le forum pour ne pas faire doublon ! En revanche vous l'avez peut-être déjà eu l'information autre part... (désolé dans ce cas!)

Voilà, ce livre est un gros machin de 608 pages qui parlent de super-héros français dans un polar un peu déjanté se déroulant dans un monde réaliste.
L'ayant écrit, je n'ai pas envie de vous en révéler plus !
J'ajoute ici une courte vidéo qui rentre dans le détail.




Bonne journée !

Le Diable à quatre; Michel Pagel (Les Moutons Électriques): Suspension d'incrédulité ratée.
Je n'ai jamais réussi à dépasser le grotesque de la situation. Jamais je n'ai pu prendre cette histoire au sérieux. Pourtant, je suis fan de slasher mais ici, le côté totalement fantastique ne fonctionne pas.
On retrouve ici des personnages de Nuées ardentes et pour le moins qu'on puisse dire, ils ne se sont pas améliorés. D'ailleurs, aucun des personnages de ce roman n'est appréciable en tant qu'être humain. Pour le genre d'horreur développée, ce n'est pas vraiment un problème puisque le plaisir vient de la façon dont ils passent ad patres. Et, sur ce point, l'auteur fait bien son boulot.
Il est donc très dommage que cette histoire de cadavre vengeur n'a pas de base assez forte pour qu'on y croit réellement. Le comment fait vraiment prétexte et manque singulièrement de travail.
Le roman est heureusement assez court pour conserver une certaine efficacité dans l'action.

Hostile 1 : à l'époque de sa sortie, je n'avais pas pris le temps de lire ce 1er tome, en me disant que je lirai ça avec une suite, puisque c'était d'entrée de jeu annoncé en 4 volumes. Évidemment, tel un jeune chien sur une aire d'autoroute en période estivale, le titre a purement été abandonné (par qui et pour quelle(s) raison(s) ? Nous le serons sans doute jamais). Et c'est dommage quand même. Dans un futur où l'équilibre des forces économiques est complètement revu, un conglomérat va délocaliser une de ses usines chinoises dans un des trois pays qui formaient les États-Unis, où le niveau de vie est un des plus faibles du monde. Évidemment, les ouvriers de cette usine et les habitants de cete province, dépendants de l’existence de cette usine ne l'entendent pas de cette manière et le conglomérat à quelques heures devant lui pour dépêcher un petit groupe de mercenaires pour sortir leur PDG de cette embuscade.
Alors, y a pas mal de choses en 56 pages : de la politique d'Etat, de la politique religieuse, de la politique d'économie mondiale et industrielle, et quand même, de la SF qui montre le coin de son nez en toute fin d'album. Ajoutons à cela des mercenaires dont la vie est bien plus complexe que s'ils étaient de simples barbouzes sans famille (ouais, y a un peu de pathos, et à l'échelle de ce tome 1, j'en vois pas trop l'utilité pour le moment, si ce n'est émouvoir le lecteur pour le rendre le perso plus sympa), cela montre aussi que les perso ne sont pas oubliés pour autant. Et malgré la densité des factions et un bon nombre de perso, l'intrigue ne se perd pas en route, tout vient au bon moment.
Pour le dessin d'Henrichon, j'ai des bémols quand même. Le début est vraiment très joli. mais pour le dernier 1/4, je ne sais pas si c'est un manque de motivation ou de la précipitation, mais les dessins sont anguleux, manque de souplesse presque, les visages des persos sont moins fins ... étrange et dommage. Même la couleur pour les fonds perd des nuances à la toute fin.

Messiah Complex 1 : j'avais acheté ce titre pour Alex de Campi (j'avais beaucoup aimé son Smoke, paru chez Delcourt), et finalement, comme pour Hostile, j'ai beaucoup, beaucoup attendu pour lire le premier des deux tomes (ce n'est pas un diptyque, mais la série s'est arrêtée en cours de route visiblement. Une des victimes collatérales des problèmes financiers des Humanos ?).
En 2478, l'Empire humain s’est répandu à travers le cosmos, et il est devenu décadent. Et comme tout peuple, il y a différent strates de niveaux de populations. Et dans les Ghettos, on attend le messie annoncé. Et c'est pour maintenant, une jeune ado qui vit forcément dans les bas-fond mais qui a réussi à grimpé les échelons sociaux à force de travail à l'école pour réussir à attraper une université destiné aux enfants des grands de cet univers.
Le premier tome sert surtout à mettre en route tout ça, à présenter l'univers, les enjeux et les différents protagonistes. Le coup du Messie est juste la première bastonnade de la série, en fin d'album, qui reste sur une petit suspense (dont on ne doute pas de l'issue). Bon, j'avoue que les trucs où on nous envoie dans trois endroits différents de l'univers pour ne servir à pas grand chose (si ce n'est pas voir que c'est vachement grand et étendu) et surtout que chaque lieu n'a pas vraiment son identité propre, ça me rend pas les choses plus aisées parce que j'ai un mal de chien à retenir les noms de planète (ce qui fait que l'univers étendu de SW a fini par me perdre par moment quand ils évoquent des guerre ou des batailles au sein des dialogues... vive Nénet et Gogol). Après, on voit bien que c'est juste pour nous faire une Rome du XXVème siècle, avec des jeunes qui réagissent comme dans les séries pour ado du XXème et XXIème siècle (on n'a pas fini d'en baver !). En fait, je pense que le véritable héros est une sorte de Wolvie dans l'esprit (sans poil et sans griffe, mais avec des tatouages). Mais bon, j'avoue qu'hier soir, j'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'univers. C'est pas mauvais en soit, mais c'est plutôt classique et "cliché" si je puis dire.
Pour le dessin, c'est Eduardo Ocaña qui officie. Je trouve que son style manquait un peu de caractère, c’est peut être trop lisse et le trait pas assez affirmé (c'était sa première BD pour la France,s i je suis bien), mais ce n'est pas moche. Reste qu'il y a trois pages dont le sens de lecture est assez difficile à lire ... je pense qu'il y a une volonté de rendu original d'un voyage interstellaire, mais le bullage est un peu anarchique.

Il y a un deuxième tome, mais qui ne finit pas l'histoire, si j'ai bien compris. Je m'arrêterai donc à celui-ci.

Seuls t.12 un tome bourré d’action. On ne s’ennuie pas mais j’en ressors un peu frustré. Surtout que toute l’intrigue ne se concentre sur un personnage. Mais comme d’habitude, j’attends la suite avec impatience.

Orages en terre de France; Michel Pagel (Les Moutons Électriques): uchronie light.
4 nouvelles (appelées "parties") pour une uchronie "Guerre de 100 ans qui en dure 1000 en fait".
Le première présente le camp français et un de ses plus grands tabous religieux lié à la science. L'uchronie ne sert qu'à traiter ce tabou et on n'a qu'une vague idée du monde, l'histoire se concentrant sur deux personnages "casaniers" par nature.
La deuxième est aussi la plus courte. Cette fois-ci, on est du côté anglais et son thème fait donc sens puisque le roman le plus emblématique de ce genre en est issu. Comme on devine très rapidement de quoi il en retourne, le bon goût d'être bref est bienvenu.
La troisième présente plus en détail un personnage évoqué lors de la première nouvelle. L'histoire se concentre sur sa perte pour le gain de l'Eglise. Ici aussi, ce sont les personnages qui priment et nus n'avons que les informations minimum à la compréhension du récit par rapport à l'uchronie.
Enfin, la quatrième nouvelle combine le tout: à la fois du côté français et anglais avec les éléments scénaristiques développés auparavant. Cette fois-ci, nous sommes dans les lignes, en pleine guerre. Ce qui était une toile de fond devient le centre et l'auteur est clairement anti-militariste.
En 200 pages, l'uchronie proprement dite est plutôt survolée. On n'a pas d’événement historique marquant ni même le point divergeant. Donc un peu de frustration sur ce point. Côté histoires, ce sont celles d'humains pris dans une guerre sans fin et elles sont suffisamment différentes en terme de ton, d'ambiance ou de thème pour en justifier la lecture.

Désirs cruels et autres récits; Michel Pagel (Les Moutons Électriques): les Contes des Mille et j'ai plus envie en fait...
Personnellement, je n'ai pas besoin de prétexte pour lire des nouvelles. En fait, je les trouve même trop invasifs et ça m'empêche de profiter correctement des histoires. Mais bon, si l'auteur trouve ça nécessaire, pourquoi pas d'autant plus que ça forme une histoire supplémentaire. Mais dans ce cas, il faut le faire jusqu'au bout. Pas s'arrêter en chemin comme c'est le cas ici.
Le prétexte des nouvelles racontées est une voleuse qui a été capturée et qui doit raconter des histoires originales sous peine d’exécution. Outre le fait que c'est inutile, Pagel place la barre plutôt haute en nous promettant du jamais lu ailleurs.
La diversité des thèmes et des tons des nouvelles est ce qu'il y a de meilleur dans ce recueil. On a du surnaturel soft, du body-horror, des fantômes sur le ton de la comédie, du drame ou du récit intime. Il y en a pour tous les goûts.
Et c'est aussi sa limite car le lecteur peut avoir ses préférences et donc trouver que telle ou telle nouvelle est trop longue car ni le thème ni le ton ne lui conviennent. Il y a eu de ça pour ma part, les nouvelles les plus longues n'ayant pas été celles qui m'ont le plus intéressées.
Ce qui m'a le plus gêné, c'est l'arrêt du fil rouge Mille et Une Nuits à trois nouvelles de la fin, d'autant plus qu'il n'est absolument pas résolu. Le pourquoi reste un entier mystère.

Une année sans Cthlhu Graphiquement très séduit par la proposition graphique, beaucoup moins par le scénario qui part un peu dans tous les sens et finit par perdre mon intérêt. Je sais pas si c’est voulu pour coller à l’esprit de Lovecraft, mais je suis laborieusement allé au bout de cette histoire qui veut parler de beaucoup trop de choses en trop peu de pages.

Peau d'homme: suite à un mariage arrangé comme ça se faisait à l'époque, une jeune "princesse" aimerait connaître son futur époux. Sa marraine possède une peau d'homme à enfiler afin que les femmes de la famille puisse se faire une idée de ce que c'est que l'autre sexe. Et ce qui va suivre va bien étonner la demoiselle (oui, j'ai fait exprès).

Le style graphique est particulier mais on s'y fait rapidement. Ca cause beaucoup de sexe (dans presque toutes les combinaisons possibles) et surtout d'égalité. Le cadre Renaissance ne permet pas forcément une belle émancipation de tous et souligne l'injustice dont font preuve certains membres de la société (église et intransigeants en premier).

Une très chouette lecture qui n'a pas quitté mes mains.

Asana n'est pas hétéro; Sakuma Asana (Akata): banal.
Banal dans son fond et dans sa forme, le fait que la personne soit un japonais au Japon ne change pas grand chose.
Donc, une fois une des particularités les plus intéressantes disparue, il ne reste qu'un catalogue de tranches de vie déjà vues ailleurs. L'unique distinction est le fait qu'il se travestisse. Ça a au moins l'avantage de citer le film Kamikaze Girls même si on a le droit à 5 longues pages sur RuPaul's Drag Race.
L'écriture construite d'anecdotes décousues et un dessin amateur n'élèvent jamais ce manga au-delà de ce qu'il est: un témoignage.

Peau d'Homme; Hubert/Zanzim (Glénat): conte anachronique.
Bien écrit et au dessin adéquat, ce conte de libération sexuelle et féministe n'évite pas certaines facilités. La plus grande est le personnage du frère de l'héroïne, moinillon fanatique qui projette ses pensées coupables sur autrui. Certes, il donne le conflit nécessaire au récit mais c'est au détriment de la subtilité.
Subtilité présente pour tous les autres personnages: Bianca, sa mère, sa tante et Giovanni. Tous ont leur part d'ombre et si Bianca a plus souvent raison que les autres, le fait de se servir de Lorenzo pour obtenir celui qu'elle pense vouloir/devoir avoir la rend ambivalente.
Un bon dosage entre le drame et l'humour, des personnages complexes/complets et une narration graphique travaillée font de cette bédé une lecture recommandée.

La Thébaïde; Racine (GF): et la continuité alors ?
Racine prend une histoire qu'il n'a pas inventée --le bordel qu'est la vie et l'héritage d'Oedipe-- et décide d'en changer la fin. Parce qu'il le vaut bien, j'imagine ? Ce faisant, il rend caduque une petite pièce inconnue, Antigone, d'un obscur écrivaillon, Sophocle. Ce qui aurait dû être un préquel devient un reboot qui annihile les thèmes développés précédemment.
Ici, le dramaturge se concentre sur la rivalité entre les frères pour conserver/accéder au trône et les efforts que font leur mère et leur sœur pour qu'ils reviennent à la raison. Si elles restent constantes tout du long, on ne peut pas en dire autant d'eux. Ils changent d'avis au moins deux fois chacun pour finir par prendre la pire décision possible, aidés en cela par leur oncle qui voudrait bien leur place en fait. Ce dernier est d'un cynisme total, "L'ambitieux au trône, et l'amant couronné" ira jusqu'à l'extrême pour poursuivre sa rage vengeresse.

Compte à rebours; Martin Homén (10/18): plus doux.
Le premier volume était très violent, le personnage principal ne dérogeant pas à cette ambiance. Cette violence n'est plus au premier plan dans cette deuxième histoire de l'ex-boxeur Harry Kvist car ce dernier est amoureux. Rencontré en prison, Harry sort une semaine avant et il fera tout pour que sa nouvelle enquête soit bouclée avant le jour J.
Le ton est nettement plus doux et les anciennes relations sexuelles/amoureuses ne sont plus narrées comme des combats mais comme des échanges. La Suède de 1935 est toujours aussi dure (nombre chiens errants, grande pauvreté, alcoolisme, montée du nazisme), le personnage se baladant exclusivement dans les coins les plus mal famés. Naturellement, toute autorité est montrée comme abusive surtout lorsqu'on est un ex-taulard. Des montées de violence parsèment le récit et la fin ne lésine pas sur ce point.
Malgré ça, c'est beaucoup moins glauque que le volume précédent. Certains pourraient être déçus, moi j'ai pris plus de plaisir à la lecture.

Anuki : BD sans bulle, à l'instar de du Grand Méchant Renard (mais qui a été fait en premier ?). C'est assez rapide à lire/regarder, mais l'histoire de ce petit indien est plutôt sympa et rigolote et ne peut que parler aux enfants. Alors, y a du bon sentiment, mais pas que (courir après les poules ne semblent pas interdit). Et les dessins sont aussi assez efficaces. Pas mal du tout, je regrette pas.

soyouz a écrit:

Anuki : BD sans bulle, à l'instar de du Grand Méchant Renard (mais qui a été fait en premier ?). C'est assez rapide à lire/regarder, mais l'histoire de ce petit indien est plutôt sympa et rigolote et ne peut que parler aux enfants. Alors, y a du bon sentiment, mais pas que (courir après les poules ne semblent pas interdit). Et les dessins sont aussi assez efficaces. Pas mal du tout, je regrette pas.

Tu sais que c'est de la BD 3-6 ans ?

Gendar a écrit:

Une année sans Cthlhu Graphiquement très séduit par la proposition graphique, beaucoup moins par le scénario qui part un peu dans tous les sens et finit par perdre mon intérêt. Je sais pas si c’est voulu pour coller à l’esprit de Lovecraft, mais je suis laborieusement allé au bout de cette histoire qui veut parler de beaucoup trop de choses en trop peu de pages.

Ah tiens, un joli coup de coeur chez moi.

Sgt Pépère a écrit:

Peau d'homme: suite à un mariage arrangé comme ça se faisait à l'époque, une jeune "princesse" aimerait connaître son futur époux. Sa marraine possède une peau d'homme à enfiler afin que les femmes de la famille puisse se faire une idée de ce que c'est que l'autre sexe. Et ce qui va suivre va bien étonner la demoiselle (oui, j'ai fait exprès).

Le style graphique est particulier mais on s'y fait rapidement. Ca cause beaucoup de sexe (dans presque toutes les combinaisons possibles) et surtout d'égalité. Le cadre Renaissance ne permet pas forcément une belle émancipation de tous et souligne l'injustice dont font preuve certains membres de la société (église et intransigeants en premier).

Une très chouette lecture qui n'a pas quitté mes mains.

Ce que j'ai lu de meilleur en bd depuis janvier.

Our Colorful Days 1; Gengoroh Tagama (Akata): très juste.
L'histoire n'est pas d'une très grande originalité: les affres d'un lycéen homosexuel dans la placard amoureux d'un de ses amis. Le sujet a déjà été traité un bon nombre de fois dans divers genres et, ici, Tagame opte pour la chronique réaliste.
Et c'est réussi. L'auteur sait absolument de quoi il parle et si c'est parfois un peu trop dramatisé, les sentiments du protagonistes sont très justes. Côté péripéties, il ne se "passe" pas grand chose. Le seul mystère est le café et son patron mais ça éveille l'intérêt pour lire la suite.
Le dessin est très propre avec un style "peinture" pour les en-têtes de chapitres très joli. La seule faute de goût est la couverture à la colorisation ratée.

kab a écrit:

soyouz a écrit:

Anuki : BD sans bulle, à l'instar de du Grand Méchant Renard (mais qui a été fait en premier ?). C'est assez rapide à lire/regarder, mais l'histoire de ce petit indien est plutôt sympa et rigolote et ne peut que parler aux enfants. Alors, y a du bon sentiment, mais pas que (courir après les poules ne semblent pas interdit). Et les dessins sont aussi assez efficaces. Pas mal du tout, je regrette pas.

Tu sais que c'est de la BD 3-6 ans ?

Désolé, je vérifie avant de laisser n'importe quoi à ma fille (bon, mon petit poney, j'ai pas réussi à finir le premier tome)

La guerre du Feu; Rosny Aîné (Bragelonne): énumérations.
Ce court roman a été publié au début du XXe siècle sous forme de feuilleton et ça se ressent bien.
Tout comme Fantômas, les adjectifs viennent souvent par trio et l'auteur juxtapose, juxtapose, juxtapose. Il y a cependant un procédé stylistique en plus et qui donne sa caractéristique première: les énumérations.
La faune et la flore est omniprésente et le fait de décompter à chaque fois ce qui entoure les personnages rend l'environnement primordial et, étonnamment, étranger comme si l'auteur prenait ce temps de description pour forger un univers imaginaire. Pourtant, ce ne sont que des saules, des peupliers, des fougères, des tigres, des ours, des lions ou encore des loups.
Aussi, tout est vivant. La flore, les minéraux ou encore les éléments grondent, attaquent, s’apaisent, vivent et meurent. Le monde paléolithique frisonne de toute part, les différents hommes n'étant qu'une petite partie de cette vie foisonnante et implacable. Les passages au présent au milieu du passé simple habituel viennent donner un sentiment d'urgence et les points de vue du personnage principal.
L'écriture sert un récit simple où un groupe de trois hommes vont chercher le Feu. Ils tomberont sur diverses embûches (faune, flore, humains) et au bout d'un moment, on se dit qu'ils n'ont vraiment pas beaucoup de chance pour rencontrer exactement tout ce qu'ils pouvaient rencontrer comme problèmes. Par moment, c'est un peu ridicule mais ça maintient l'intérêt tout du long.

Aspic, détectives de l'étrange 3 : les deux jeunes héros ont enfin une affaire 3 mois après avoir créé leur propre (voir fin du tome 2). Et celle-ci va les emmener dans le monde des forains, celui à lé'poque où il y avait des hommes très costauds, des femmes à barbe et autres personnes avec un handicap physique (ou pas). Cette histoire est plutôt rigolote et sympa, parce qu'elle implique un peu personnellement l'un des deux héros (en marge de l'intrigue) et on sent la bonne humeur et une forte interaction entre les perso. En revanche, le fil rouge qui est en filigrane mais bien présent tout de même, qu'on sent bien mêlé quand même à cette affaire quasiment dès le début (et c'est peut être là que le bas blesse : il n'y a pas réellement de surprises dans le déroulé de ce fil rouge), l'est beaucoup moins. Mais Gloris joue avec les perso, utilise son univers pour "aider" l'enquête, et donc cela donne quelque chose de vivant, pas une série qui enchaîne les récits sans lien entre eux.
Il s'amuse également à glisser quelques références, par moment volontairement anachronique, comme Lamontagne d'ailleurs, qui en glisse quelques-unes dans les pages, dont une assez inattendue sur le moment. En tout cas, son dessin est très toujours très plaisant à regarder, c'est plutôt fluide et clair.

Aspic, détectives de l'étrange 4 : le volume précédent préparait donc l'unique intrigue de ce 4ème opus, qui tourne autour des vampires (parce que finalement, il n'y en a pas qu'un). J'ai bien aimé le déroulé de l'histoire, parce qu'il est clairement différent de celui des 3 premiers tomes, donc on sort d'une certaine routine. Et implique personnellement le personnage principal, ce qui ajoute au suspense. J'ai trouvé Gloris plutôt malin dans sa manière de vouloir résoudre la situation, tout est bien préparé en amont, on sent venir certaines situations et d'autres un peu moins, mais disons que les situations n'arrivent pas que par hasard. Et la série perd également une bonne humeur et une insouciance qu'il y avait jusqu'à présent (ce qui n'est pas surprenant). Le rythme est également différent, plus lent peut être, mais en soit, ça ne m'a pas gêné.
La relative déception du 3ème tome concernant cette intrigue qui me semblait trop facile à deviner est ici gommer.
A noter que l'auteur, comme le dessinateur, laissent toujours en chemin un petit paquet de références. Ce n'est pas un jeu de piste, ça ne me semble pas prendre le pas sur l'intrigue, donc en soit, c'est juste un petit plaisir pour qui le détecte.

Aspic, détectives de l'étrange 5 : l'héroïne, Flora, ne se remet pas de sa rencontre avec les Vampires et en plus, sa mère vient de mourir. Cela dit, un fantôme sévit à l'opéra de Paris, en menaçant la cantatrice.
Ce qui est bien, c'est que les personnages évoluent en gré des aventures qu'ils vivent. là, on est clairement dans la morosité en tout début d'album, et un temps est pris pour cela (même si j'ai quand même l'impression que le naturel de Flora revient au galop, mais elle reste hantée tout de même). Cependant, l'intrigue n'est pas oublié pour autant, mais j'avoue qu'elle m'intéresse moins que les précédentes, même si je me prends au jeu du Cluedo.
L'autre point qui se confirme dans cet épisode, c'est que Gloris a créé son Paris, avec ses persos qui reviennent en fonction des besoins des persos ou de son histoire.
Les références continuent de pleuvoir, là, on retrouve une nouvelle fois Tintin, mais pas que.
Lamontagne est remplacé par Despujol et je dois avouer que j'aime beaucoup moins. Le trait me parait moins fluide, la couleur (et pourtant c'est le même coloriste) plus plate par moment (ou est-ce les arrières-plans qui sont vides à ce moment-là). Il y a pourtant du détail (les rues de Paris, l'Opéra Garnier), mais je ne sais pas ... après Lamontagne, la différence est clairement distincte. Et je pense que ce n'est pas mauvais. mais y a moins de vie dans les pages.

Aspic, détectives de l'étrange 6 : ça se confirme, pas mon intrigue préférée de la série, et je trouve même que la résolution n'est pas vraiment formidable. Disons que ce qui arrive à Flora m'a plus intéressé et par conséquent, la suite m'intrigue parce que si chaque diptyque peut se lire indépendamment, il y a des ponts et des liens qui se font et là, il y a clairement une ouverture qui n'avait pas été laissé dans les fins précédentes. Les références (même modernes) continuent de s'amonceler, c'est par moment plutôt rigolo.
Et en toute fin, Gloris raccroche son histoire à celle d'un auteur célèbre (par la suite). C'est la deuxième fois que ça arrive, je n'ai pas l'impression qu'il l'ait fait pour la fin de la première intrigue.
Le dessin de Despujol ne me fait vraiment pas regretté celui de la Lamontagne. C'est pas mauvais, mais c'est clairement un ton en-dessous.
(ah, et quelques boulettes de bullages, avec par moment, un texte décentré, qui sortait du cadre)

Le Guide Alan Moore; Queyssi/Trespalle (ActuSF): court.
A part pour la biographie et quelques travaux de jeunesse, je n'aurai pas appris grand chose.
Les courts articles sur les œuvres sont ça: courts. J'aurais aimé dire "synthétiques" mais il y a trop de phrases inutiles et de pans ignorés dans les œuvres choisies.
Les considérations personnelles des auteurs sont trop présentes. Comme l'espace manque, ce sont de simples assertions et ils ont bien le droit de penser ce qu'ils veulent. Mais bon, l'article sur Masculin/Féminin fait l'erreur commune de juger le passé avec le présent et "oublie" les personnages de Promethea ou de Dhalua Strong --ou pire en omettant Lost Girls-- n'allant pas dans leur sens d'un Moore reléguant les femmes à des stéréotypes.
Les pages sur les adaptations cinés/séries auraient très bien pu sauter vu le peu d'égard que leur porte Moore. Mais ça permet de dire du mal, ça défoule.
L'interview date d'il y a 15 ans mais n'a apparemment jamais été publiée. On est donc à la fin de la période ABC et comme c'est une période que j'aime beaucoup, j'étais plutôt content. Aussi, ses considérations sur la politique sont toujours d'actualité.

Rawhide Kid a écrit:

Mais bon, l'article sur Masculin/Féminin fait l'erreur commune de juger le passé avec le présent et "oublie" les personnages de Promethea ou de Dhalua Strong --ou pire en omettant Lost Girls-- n'allant pas dans leur sens d'un Moore reléguant les femmes à des stéréotypes.

Laurie est un stéréotype ? Même pour l'époque ?

(sinon, tu m'as un peu échaudé sur le bouquin)

soyouz a écrit:

Rawhide Kid a écrit:

Mais bon, l'article sur Masculin/Féminin fait l'erreur commune de juger le passé avec le présent et "oublie" les personnages de Promethea ou de Dhalua Strong --ou pire en omettant Lost Girls-- n'allant pas dans leur sens d'un Moore reléguant les femmes à des stéréotypes.

Laurie est un stéréotype ? Même pour l'époque ?

(sinon, tu m'as un peu échaudé sur le bouquin)

Le Guide Alan Moore, p247 a écrit:

Watchmen (...) Qu'ils s'agisse de Sally Jupiter, de sa fille Laurie Juspeczyk ou de Janey Slater, elles sont toutes hypersexualisées par des vêtements qui mettent en avant leurs attributs féminins. (...) Par ailleurs, Moore délaisse les points de vue des personnages féminins. (...) Elles n'existent pas indépendamment des personnages masculins, surtout Laurie qui, alors que le monde court à sa perte, possède une chance de le sauver en essayant de jouer de sa séduction passée sur le Docteur Manhattan. Reprenant un cliché sans le dynamiter, Moore se contente de montrer des femmes pour qui les hommes et leur regard restent le sujet principal de discussion.

(je ne pense pas que si tu as déjà lu d'autres bouquins sur Moore, tu y trouveras quelque chose de nouveau)

Ok ... pour moi, Laurie n'a pas que ça, mais bon.